S.F.I.O.

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S.F.I.O.

S.F.I.O. (Section française de l’Internationale ouvrière)

Les diverses tendances qui viennent se fondre au Congrès de Paris (avr. 1905), congrès de fondation du Parti socialiste, Section française de l’Internationale ouvrière, groupent l’ensemble du mouvement ouvrier français, à l’exception du courant anarchiste. Le problème de l’unité est à l’ordre du jour depuis plus de vingt ans. Jules Guesde ne conçoit d’unité que sur le programme du Parti ouvrier français qu’il anime. Les blanquistes de Vaillant s’accordent avec lui, tout au moins quant à la nécessité de l’organisation; par contre, les allemanistes et les broussistes (ou possibilistes) lui reprochent son sectarisme ainsi que la rigidité de son organisation. Les socialistes indépendants enfin (Millerand, puis Jaurès) viennent du radicalisme et, spontanément réformistes, ne conçoivent la conquête de l’État que par l’action électorale. Dans un premier temps les guesdistes semblent l’emporter, le Congrès de Paris donne au parti une structure assez rigide et un programme de combat de classe. Mais l’afflux d’adhérents nouveaux (35 000 en 1905, 100 000 en 1914 et 17 p. 100 du corps électoral), la raideur doctrinale de Guesde permettent à Jaurès et à Vaillant, qui l’a rejoint après l’unification, de gagner progressivement le parti au réformisme de fait: en 1906, le Congrès de Limoges impose l’indépendance du syndicat par rapport au parti; le congrès de 1910 approuve le projet Viviani, président du Conseil, sur les retraites ouvrières, celui de 1911 le principe des nationalisations avec indemnisation. Toutes décisions que Guesde, de plus en plus minoritaire, combat violemment. La synthèse jaurésienne ne permet pas à la S.F.I.O. d’affronter la crise d’août 1914, d’autant plus que l’assassinat du grand leader accentue pour une part le désarroi de la direction du parti qui se rallie à l’Union sacrée.

Après la guerre, l’échec de la politique de collaboration avec le pouvoir bourgeois et le prestige de la révolution russe entraînent la scission de Tours (décembre 1920): la majorité fonde le Parti communiste français. La minorité, avec Léon Blum et Paul Faure, voit revenir à elle peu à peu une grande partie des dissidents de 1920. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la S.F.I.O. cherche à réduire l’écart grandissant entre son projet (l’indépendance du parti et le but révolutionnaire) et sa pratique de soutien (que lui impose son poids électoral) à des gouvernements de tendance radicale. La tactique de «soutien sans participation» que Blum impose entraîne la scission des néo-socialistes en 1932. La conquête d’une majorité parlementaire, de plus en plus plausible au début des années trente, n’est pas la prise du pouvoir, seule révolutionnaire, elle signifie seulement l’exercice du pouvoir dans le cadre social et politique existant, c’est-à-dire celui du capitalisme et de la démocratie bourgeoise. La transformation de la société ne peut être opérée par les décrets du gouvernement, mais par la classe ouvrière enfin responsable, émancipée, éduquée. Ainsi s’explique l’attitude du gouvernement Blum à travers l’expérience du Front populaire, exception faite de la minorité révolutionnaire animée par Marceau Pivert, qui voit dans le mouvement social de juin 1936 un processus révolutionnaire; il faut gérer honnêtement, et de façon certes plus juste, la société bourgeoise et refuser tout débordement des structures sociales et politiques du capitalisme.

La catastrophe de 1940 puis l’engagement du parti dans la Résistance entraînent un important afflux de jeunes militants. Une question se pose au Parti socialiste, celle-ci peut se résumer dans le conflit qui oppose Blum à Mollet: comment assumer l’immense espoir né de la Résistance? Blum pense à un vaste regroupement de type «travailliste». Mais cela ne va pas sans abandons doctrinaux: à la distinction entre exercice du pouvoir et prise du pouvoir, Blum ajoute la différence entre action de classe et lutte de classe; il définit cette dernière comme un phénomène historique à dépasser. Guy Mollet et la majorité répondent par un raidissement idéologique.

La guerre froide, qui met le P.C.F. hors-la-loi parlementaire, laisse la S.F.I.O. maîtresse des majorités qui se font et se défont à l’Assemblée nationale. Après l’échec de la solution de la «troisième force» (M.R.P., Parti radical, S.F.I.O.) que préconisait Blum, la S.F.I.O. soutient sans participer les gouvernements centristes. À partir de 1951, elle se retire progressivement de la majorité; les options européennes du M.R.P., la question de la Communauté européenne de défense (C.E.D.) et le redressement militaire allemand que celle-ci entraîne conduisent le parti dans l’opposition.

Aux élections de 1956, la S.F.I.O. se présente au sein du Front républicain, qui ne met en avant aucun programme précis avec le Parti radical et l’U.D.S.R. Guy Mollet assume le pouvoir; il capitule devant les ultras d’Alger et l’armée et enfonce la France dans la guerre d’Algérie, en contradiction avec ses engagements électoraux. Dans l’affaire de Suez, son gouvernement se montre incapable d’une réelle cohérence politique. Il tombe moins d’un an après sa création et signe dans sa chute l’arrêt de mort de la IVe République. La S.F.I.O. participe à l’installation du général de Gaulle au pouvoir en mai-juin 1958: une minorité, menée par Édouard Depreux, quitte le parti et fonde le Parti socialiste autonome, amorce du futur Parti socialiste unifié.

Quant à la politique algérienne de la Ve République, la S.F.I.O. l’approuve totalement; elle fait voter «oui» aux deux référendums de 1961 et de 1962. C’est en raison de sa politique économique que les ministres socialistes quittent le gouvernement Debré; la question du régime présidentiel rejette définitivement le parti dans l’opposition.

De 335 000 en 1945, les effectifs sont tombés à 91 000 en 1962 et sans doute à 70 000 en 1966. Géographiquement, hormis les bastions traditionnels du Nord - Pas-de-Calais et de la Haute-Vienne, son implantation s’est déplacée vers le sud du pays, régions de faible développement économique. Enfin la tactique de participation à tous les niveaux (gouvernemental aussi bien que municipal) a entraîné un afflux de fonctionnaires et de notables au détriment du recrutement ouvrier, qui s’est à peu près tari. C’est dire tout le poids qu’exerce en 1962 l’appareil sur une base peu militante, c’est souligner la sclérose de la vie politique au sein de la S.F.I.O.

À son 52e congrès, en 1963, le Parti socialiste essaie de tirer les conséquences de cet état de fait; il tente de définir une dynamique unitaire, successivement dans deux directions: en 1964-1965 Gaston Defferre lance son projet de grande fédération, regroupant radicaux, centristes et socialistes; c’est un échec qui conduit à la candidature de François Mitterrand aux élections présidentielles de 1965, soutenu par la gauche, communiste et non communiste, et à la création de la Fédération de la gauche démocratique et socialiste, qui exclut les centristes.

L’incapacité d’assumer et de répondre au vaste mouvement de mai 1968 et la grave défaite aux élections législatives de juin conduit à la décision de dissoudre le parti lors du congrès extraordinaire de Puteaux en décembre de la même année, décision renforcée par l’échec cuisant de Gaston Defferre aux élections présidentielles de juin 1969. L’année suivante, un nouveau parti socialiste se crée.

S.F.I.O.
Sigle de Section française de l'Internationale ouvrière. (V. Parti socialiste.)

S. F. I. O. [ɛsɛfio] n. et adj.
ÉTYM. 1905; initiales de Section française de l'Internationale ouvrière.
1 N. f. || La S. F. I. O. : le parti socialiste (2.).
2 Adj. invar. Socialiste, membre du parti politique appelé S. F. I. O., ou apparenté à ses tendances. || Un politicien S. F. I. O. || Ils sont plutôt S. F. I. O. que radicaux.N. || Les S. F. I. O.REM. Le mot est parfois transcrit d'après sa prononciation, avec une intention plaisante.
0 (…) le blé afficherait ses idées réactionnaires (…) le vignoble penche ouvertement du côté essefiot (…)
Jacques Perret, Bâtons dans les roues, p. 26.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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